Lille-Lomme : face à la densification, Entrelianes et Deûl’Air mettent les pieds dans le PLU

« Arrêtons de livrer Bois-Blancs aux bétonneurs ! » C’est le mot d’ordre de l’association Deûl’Air constituée en avril face aux projets d’aménagement de Bois Blancs et du Marais. Un recours en justice a été déposé contre la modification du PLU 2, sur fond de crise du logement et de gentrification.

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Par A. D. D.

Publié: 8 Juillet 2022

1. Rives de la Haute-Deûle, saison 2

Présenté aux habitants en janvier, le projet des Rives de la Haute-Deûle, pour sa partie lommoise du Marais, n’a pas convaincu Yolande Windels et Philippe Gautret, co-présidents de l’association Deûl’Air créée en avril dans le sillage d’Entrelianes. Connue pour avoir bataillé avec d’autres collectifs citoyens et écologistes contre le projet de la friche Saint-Sauveur et ses 2 400 logements. Un dossier explosif sur le point de faire jurisprudence ?

Entrelianes a saisi le tribunal administratif pour contester la dernière modification du PLU 2 qui a entériné l’Opération d’aménagement et de programmation (OAP) de projet urbain pour la ZAC des Rives de la Haute-Deûle (secteur Marais, Boschetti, pointe des Bois-Blancs). « La ville de Lille a profité de cette procédure pour faire passer discrètement ses projets d’aménagement. Personne n’a fait le lien entre « les simples ajustements techniques » du PLU, destinés à harmoniser les documents d’urbanisme des nouvelles communes de la MEL, et le feu vert qu’il donnait aux importants projets urbains de Bois Blancs et de Lomme notamment », estime Hélène Allée, d’Entrelianes.

pastedGraphic_1.pngPhilippe Gautret, co-président de Deûl’Air, Flora Kotlinski et Hélène Allée d’Entrelianes, Aurélien Danvert, conseiller de quartier et membre de Deûl’air, Yolande Windels, co-présidente de l’association (de g. à d.).

2. Besoin d’air et de verdure

Pour le collectif, ces modifications permettraient aux aménageurs de massifier leurs opérations « avec des immeubles de grande hauteur au détriment des espaces de nature et de la santé des habitants dans une trame urbaine saturée. »

Dans le projet présenté par la mairie de Lomme pour le secteur « Vieux Marais », il est pour le moment question de 600 logements et d’un groupe scolaire dans un parc urbain de 2 hectares. « Les habitants du Marais et de Mont-à-camp, qui sont parmi les plus pauvres de la métropole en espaces verts s’agissant d’anciens quartiers ouvriers, ne veulent pas des espaces verts bling-bling », pointe l’association qui craint par ailleurs de voir disparaître, aux Bois Blancs, le secteur vert attenant à l’ancienne teinturerie Montpellier, propriété de Vilogia.

pastedGraphic_2.pngLe site de l’ancienne teinturerie Montpellier dans le quartier des Bois-Blancs devrait également accueillir des logements. PHOTO FLORENT MOREAU – VDNPQR

 

Autre grief : une étude d’impact qui ne tiendrait pas compte de Refinal, la fonderie d’aluminium qui continue de semer le doute chez les habitants inquiets pour leur santé.

3. Manque d’anticipation

Comme les élus écologistes lillois, qui pointaient il y a quelques jours un crash social aux Aviateurs, Deûl’Air et Entrelianes reprochent aux pouvoirs publics de « déloger en catimini » les habitants des barres au profit d’un programme immobilier et de loyers inaccessibles aux locataires actuels (nous y reviendrons).

« Ces immeubles ont été laissés à l’abandon pendant des années et d’un seul coup on trouve des millions (les financements de l’État) qui ne vont pas bénéficier à ces familles. Celles qui veulent rester dans leur appartement devraient pouvoir le faire. Avec tout ce qui a été construit autour d’Euratechnologies, on aurait pu anticiper pour les reloger dans les environs. »

pastedGraphic_3.pngTrois des six barres du secteur des Aviateurs vont être démolies dans le cadre des opérations de requalification urbaine. PHOTO FLORENT MOREAU – VDNPQR

Sur les six barres HLM (années 60), où la délinquance s’est durcie, trois seront détruites et trois autres rénovées. Quatre cents logements neufs doivent être construits. Comme le secteur Concorde au Faubourg, Bois Blancs fait partie des treize quartiers Politique de la ville de la métropole financés par le Nouveau programme de renouvellement urbain (ANRU) pour plus de 2 milliards d’euros.

4. Densifier ou artificialiser, le dilemme

Deûl’Air et Entrelianes craignent que la stratégie de la MEL – construire 60 000 logements sur dix ans en stoppant l’artificialisation des sols – ne se retourne contre la ville de Lille : « Les choses s’emballent plus pour des questions d’attractivité que de démographie au mépris des enjeux climatiques et sociologiques. La MEL devrait veiller à l’équilibre du territoire. Lille est une hotte aspirante par rapport à des villes comme Roubaix et Tourcoing où les promoteurs se bousculent moins… » « On se trompe d’échelle, il faut réfléchir à l’échelle du département. On densifie la métropole en vidant d’autres territoires. »

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Vue aérienne de l’île des Bois-Blancs, en bas à droite les six barres des Aviateurs.

Le collectif, qui lance un appel aux bonnes volontés, a déposé son recours le 17 juin. Ce dernier n’est pas suspensif. Les juges se prononceront sur la forme – les demandes de modification du PLU étaient-elles recevables ? – et non sur le fond.

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