Etude d’impact, requalification urbaine du quartier des Oliveaux

Cette étude d’impact de plus de 300 pages est très complète, nous saluons le travail fait par les différents intervenants piloté par la MEL. Elle contient beaucoup d’informations intéressantes et de bonnes analyses mais aussi et c’est très étonnant, de grosses lacunes et de nombreuses interrogations. Nous reviendrons sur les points essentiels.
Nous pensons que ce projet peut être amélioré suite à l’étude d’impact mais nous sommes en désaccord avec certaines grandes orientations choisies, qui impactent l’ensemble du projet. En particulier, ces grands  axes routiers dignes des années 70 avec les conséquences que l’on sait sur la circulation automobile, les destructions de 424 logements sociaux sans apport de solutions correctes pour les locataires actuels.

> Le projet des Oliveaux et les lacunes de l’étude d’impact concernant l’environnement
Au delà de ses partis pris malheureux, nous constatons de graves lacunes dans cette étude. Nous constatons que cette étude ignore l’environnement dans les deux sens du mot, l’étude s’arrête pour ainsi dire au périmètre sans en mesurer les conséquences quelques mètres, kilomètres plus loin, la lino, les champs captants, le futur parc d’haubourdin, etc. et environnement dans le sens écologique.
Nous n’allons pas faire un débat sur la Lino; mais ceci est bien l’élément structurant du projet avec son raccordement vers la rue Vincent Auriol. On ne peut l’ignorer.
En effet, ce raccordement est bien inscrit sur le PLU2 mais nous n’avons pas vu d’étude d’impact concernant cette section de tracé et elle n’est pas mentionnée dans l’étude que nous voyons aujourd’hui…L’étude de la Lino date de 2012 et aujourd’hui nous pouvons nous poser des questions au regard de l’urgence écologique et du plan climat de la MEL
et suite aux nouvelles obligations nationales en terme de qualité de l’eau et de l’air.
Le quartier risque d’être coupé en deux avec l’accès à la LINO par la longue rue Vincent Auriol qui, rappelons le, apportera un trafic plus important dans un quartier aujourd’hui résidentiel avec de nombreux enfants qui profitent des espaces extérieurs. Ceci a des conséquences bien en dehors du dit périmètre concerné par l’enquête, en particulier sur le quartier d’Ennequin. Pas d’études à ce sujet ! Ce projet n’ouvre par le quartier sur le centre de la ville.
Les nuisances liées au bruit, à la dangerosité du trafic et à la pollution de l’air vont dans le sens inverse des actions à mettre en place pour valoriser un quartier résidentiel.

> Construction  sur les champs captants
Un dossier qui fragilise énormément la ressource en eau dans un secteur à forte vulnérabilité pour la protection de la nappe de la craie (40% de la ressource en eau de la MEL) en construisant sur des zones non bâties de l’AAC (Aire Alimentation des Captages) c’est-à-dire les champs captants :
- Installation de la future cuisine centrale sur des terres agricoles actuellement converties en agriculture biologique.
- On constate aussi des constructions autour de l’église sur une zone AAC (plan page 17 et 34) alors qu’à quelques mètres hors de cette limite, on « déconstruit » des logements sociaux. Nous ne sommes pas la seule association à dénoncer les conséquences négatives sur les champs captants dans le périmètre du projet des Oliveaux et au delà…

> Le traitement des gravats du chantier
Par ailleurs le projet est amené à produire un immense volume de déchets inertes qui seraient susceptibles de combler une partie du site d’enfouissement des déchets de la carrière de Loos-Emmerin. Quelle influence sur la nappe phréatique ?

> Pas d’informations sur le patrimoine arboré à l’issue du projet
Il y a un état des lieux du patrimoine arboré précis jusqu’aux essences des arbres,  mais il n’ y a pas de bilan des abattages des arbres et des replantations suite au projet  ni évitement, réduction et compensation comme prévu par la Loi. Un jeune plan, selon les espèces, met une vingtaine d’années pour apporter les mêmes bienfaits qu’un arbre adulte. On a l’habitude dans notre ville depuis quelques années de voir disparaître des espaces arborés. Dans le projet, on peut espérer de nouvelles plantations d’arbres…
> Etude de la flore et de la faune dans le périmètre du projet et les espaces naturels de la métropole sud oubliés, (à partir de la page 121)

1. Carrière de Loos-Emmerin, plateau de Fléquières, Nous avons une bonne étude de la flore et de la faune dans le périmètre strict du projet, mais sans volonté d’établir une continuité  avec les espaces naturels qui commencent à quelques mètres seulement des bâtiments les plus au sud. A propos de la carrière de Loos-Emmerin, l’étude d’impact ne fait que vaguement mention de la qualité écologique de l’ancienne carrière. Rappelons que 70 espèces d’oiseaux dont le Chardonneret élégant, le Faucon crécerelle, le Gobemouche gris, le Moineau domestique, le Roitelet huppé , y nidifient, ce qui en fait l’espace le plus riche de la métropole urbaine. Aucun élément de la trame verte et bleue sur le secteur des Oliveaux. Aucune des grandes continuités écologiques n’intéresse directement le quartier.
2. Autre point important oublié, c’est l’accès aux espaces de nature du Parc de la Deûle dont les berges de la Deûle, le parc Mosaïque. Ceci n’est jamais mentionné et aucun trajet de déplacement doux reliant les Oliveaux à cette offre de loisirs n’est  envisagé.
3. Le futur Parc d’Haubourdin : il apparaît sur une seule carte mais n’est même pas évoqué dans l’enquête et rien n’est dit sur son échéance, la liaison avec le quartier et les espaces naturels.
On parle du désenclavement des Oliveaux, depuis sa création dans les années 1970…
et là on rate l’ouverture du quartier sur une actuelle et future zone préservée de nature et de loisirs au sud de la métropole.

> La suppression de 424 logements sociaux
Au total c’est 424 logements les plus sociaux qui, avec les immeubles Kennedy, Roosevelt Mermoz, Vigny, Bretagne, disparaissent. La diminution de l’offre de logements sociaux sur Loos est un vrai problème quand on sait que sur la métropole, les demandes sont à saturation. Ce projet exclut du quartier les populations les plus pauvres et les plus fragiles sans solution satisfaisante de relogement. Ce problème est plus largement évoqué et développé par d’autres associations partenaires.

> La réhabilitation énergétique des logements anciens très insuffisante
Le budget englouti pour les démolitions va compromettre la réhabilitation des autres bâtiments non pris en compte dans le projet, notamment les immeubles Gounod et Massenet qui sont les plus dégradés. Autre erreur très grave : la réhabilitation énergétique de seulement 188 logements sociaux sur 1778 appartements (en 2015) est très insuffisante, et c’est pourtant là que devait être fait un gros effort pour que de nombreux loossois de milieu modeste puissent sortir de la précarité énergétique. Ce qui aurait été bon pour la planète et pour leur porte-monnaie !

> Un projet qui ne prend pas concrètement en compte les réglementations récentes sur l’air, l’eau, le climat, la transition écologique… (à partir de la page 252)
- Le projet et le SCot (Schéma de cohérence Territoriale) si les objectifs sont définis la compatibilité du projet est défaillante sur plusieurs points, réhabilitation des logements, la protection de l’eau et des champs captants, la consommation d’énergie… et d’autres restent à améliorer, les modes doux des déplacements en particulier le vélo, la trame verte…
- le projet et le plan climat Le PCAET : Projet Plan Climat Air Energie Territorial;
- le projet et le PLU2 (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal 2);
- le projet et les objectifs de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte;
- Le projet et le bilan carbone (Ademe).
Sur ces quatre derniers points, une grande partie de l’impact est qualifiée de « non significatif » (à partir de la page 233), alors que ce projet devrait avoir pour objectif de contribuer positivement à la transition écologique.

> En conclusion
Un projet d’un autre temps, avec des conséquences sur l’environnement qui apparaissent en creux dans certains textes de l’enquête publique. En particulier par rapport aux  réglementations de l’état et de la MEL. Ce projet est défaillant par rapport aux objectifs du  SCOT (Schéma de cohérence Territoriale) de 2017 dont découle le PLU2 de 2019.
Alors oui, il y a encore moyen d’améliorer le projet en prenant davantage en compte l’urgence sociale et écologique et en respectant les nouveaux principes définis par les lois récentes.
Nous, écologistes, attendions le projet d’un quartier en transition écologique en limitant l’artificialisation des sols avec une gestion respectueuse des champs captants, une circulation apaisée donnant la part qui se doit aux déplacements alternatifs, transports en commun, à pied, vélos… La réhabilitation aurait du être une priorité avec des bâtiments vertueux au niveau écologique (isolation, énergie et choix des matériaux) et économique pour ses habitants, alors qu’elle sera juste à minima.
Aujourd’hui, au regard du plan climat de la MEL, des obligations nationales en terme de qualité de l’air, de l’eau, ce projet aussi important pour le quartier des Oliveaux devrait être exemplaire.

Ce projet ne va décidément pas vers la transition écologique et sociale.
Pour toutes ces raisons, nous remettons un avis défavorable au projet de requalification du quartier des Oliveaux.


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